Tisseur de Rêves Maître du Jeu
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| Sujet: Extrait chapitre 1 - "Anadyr Angkor" Dim 29 Nov - 13:36 | |
| Les mots d’Anadyr l’avaient atteinte. A son grand regret, elle réalisait qu’elle ne parvenait pas même à mourir dignement…même cela, même cette possibilité d’achever cette souffrance ne lui était pas permis…
Elle finit par se maudire pour sa faiblesse, et sa main laissa échapper l’arme qui tomba dans un bruit métallique sur le sol. La jeune femme s’effondra alors en larmes, sous le regard satisfait et amusé de l’Empereur.
- Pourquoi ? Qu’est-ce que cela vous apportera ? Lui hurla-t-elle en sanglotant.
Anadyr eut un rictus amusé. Il s’amusait presque à la voir se briser devant lui, réduite à l’humiliation, devenue une femme sans valeur dont la vie était désormais dépourvue de tout sens. Jamais il n’aurait pu lui faire plus de mal qu’en cet instant. Cela lui procurait un plaisir fou, et il toisait avec satisfaction celle qui rampait à présent devant lui, le visage enlaidit par les larmes, le corps tremblant sous le poids de la vérité…
Il était temps de lui porter un dernier coup…
- Allons, cessez de me blâmer, je ne mérite pas le titre de monstre que vous semblez me décerner. Pourquoi, dites-vous ? Je pensais que vous comprendriez, vous, vous qui avez été manipulée, humiliée, brisée, vous, ma sœur… Pour changer le monde, Zane. Pour balayer toutes ces traditions, ces mêmes lois qui ont fait de vous une victime tragique du destin. N’est-ce pas ce que vous auriez fait si vous en aviez le pouvoir ? N’est-ce pas pour cela que vous vous battez ? Ne sommes-nous pas semblables ? Nous ne sommes pas différents, Zane. Que souhaitez-vous, sinon recréer le monde à l’image, que dis-je, à l’illusion que l’on vous a imposé dans votre jeunesse ? Je ne fais que m’emparer d’un pouvoir que vous, comme tous ceux de Kristalia, n’aurez pas manqué d’utiliser à vos propres fins. Je déplore la réputation que l’on me décerne, ainsi que l’incompréhension et le mépris de vos semblables. Zane, si vous pensez que l’Empire que j’ai bâti n’est que corruption et aveuglement d’un être conduit par…de simples désirs de conquêtes…alors vous me navrez. Mais je n’attends pas de vous que vous me compreniez, cela m’est égal. Ou plutôt : ne me haïssez point, haïssez plutôt Tyr pour avoir fait de vous, de vos frères, sœurs et ancêtres, de la chair à canon. Zane, si vous aviez été plus courageuse et réfléchie, et si vous ne vous étiez pas réfugiée dans votre morale conformiste et vos traditions religieuses absurdes, vous seriez sans doute déjà à ma place… Alors cessez de me blâmer, et acceptez avec honneur d’être le sang qui offrira au monde un avenir meilleur…
Zane plongea son visage entre ses mains. Anadyr l’avait convaincue, et elle se sentait honteuse de l’admettre. Il avait raison…tout ce qu’il avait fait au nom de l’Empire était semblable à ce qu’elle avait fait au nom de Tyr. Mais Tyr n’était plus celui en qui elle croyait… Il ne lui restait plus rien d’autre que le choix de la manière dont elle pourrait mourir, même si elle savait qu’Anadyr la destinait, de toute manière, au sacrifice…
Pourtant, ses paroles, ses mots…tout ceci la charmait, et force lui était d’admettre qu’elle était la seule à avoir vécu dans l’illusion… | |
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