Extrait chapitre 12 - "Le Duel"

- Adrian ! Appela-t-il, haletant, les yeux emplis de souffrance et d’incompréhension.

Pour seule réponse, il entendit les lourdes portes de pierre se refermer dans un claquement sourd derrière lui. Ash sursauta et brandit son bâton, cherchant des yeux la moindre menace. C’est alors qu’il le vit. Jeune, élégant et imposant, aux cheveux noirs courts et aux yeux couleur émeraude, vêtu de son traditionnel manteau noir et vert impérial. Il tenait à la main sa lance tri-lame et s’avançait en faisant claquer ses bottes sur le sol. Son regard était dur et perçant, et son sourire amusé.

Il s’arrêta à une vingtaine de mètres du jeune guerrier et s’assura que celui-ci l’avait bel et bien reconnu. En trois ans, il n’avait pas changé…

- Je t’attendais, Ash Adelric, dit-il alors d’une voix puissante.

- Théobald De Thrydwulf…

Théobald eut un rictus méprisant, se remémorant sans nul doute la manière dont il l’avait écrasé lors de la dernière bataille. Ash sentit l’Esprit de la Colère se déchaîner en lui, mais il n’y prêta nulle attention. Il continuait de chercher des yeux le jeune guerrier qu’il avait cru apercevoir précédemment. Etait-ce une illusion ? Théobald l’avait-il piégé en lui lançant un sortilège ? Son attitude lui permettait de penser qu’il avait été trompé. Mais, au fond de lui, il voulait croire. Il voulait croire qu’Adrian était toujours vivant…qu’il n’avait pas succombé à la dernière bataille…

- Où est Adrian ? Questionna fermement Ash.

Théobald resta un moment silencieux. Ash chercha à lire sur l’expression de son visage, mais celui-ci semblait aussi froid que le marbre, et il était impossible de deviner ce à quoi il pensait. Alors, sur un ton qui se voulait moqueur, il lui répondit :

- Je ne vois pas de qui tu veux parler…

- Ne te moque pas de moi ! Cria Ash qui sentait la colère déferler en lui.

- Es-tu là pour ton ami, ou pour venger ton père ? Questionna Théobald sur un ton détaché.

- Ni l’un, ni l’autre, répliqua froidement Ash.

Théobald parut surpris. Il s’était attendu à être insulté et blâmé par le jeune guerrier pour lui avoir arraché son père, mais il n’en fut rien. Avait-il changé, depuis leur dernière rencontre ? Etait-il devenu plus mature ? Qu’importe. Son devoir était de l’abattre ici et maintenant, comme le lui avait ordonné l’Empereur. Tout comme il avait tué son père, il devrait le tuer lui. Cette décision ne l’attristait pas. C’était un mal nécessaire pour l’unification de Kristalia, et pour la paix. Cet homme était le fils d’un Dwyre. Son sang était impur, et son âme était souillée par le Mal. Il devait le détruire. Il devait détruire celui qui incarnait les rebelles qui s’opposaient depuis des années à la lignée d’Anadyr. Mais il devait prendre garde. Autrefois, s’il avait pu terrasser Arundel, c’était parce que celui-ci avait été affaibli par son voyage et par les atrocités commises contre sa famille. Théobald, jadis, ignorait cela. Il pensait avoir vaincu Arundel dans les règles de l’honneur. Aujourd’hui, il allait pouvoir se racheter en tuant son fils dans un duel loyal !

- Durant trois ans, je n’ai cessé de rêver au jour de notre rencontre, Théobald. Mais à présent que tu es face à moi, j’ignore ce que je suis censé dire…avoua alors Ash, tenant toujours son bâton de bambou à la main.

- Alors ne dis rien, Adelric. Laissons nos lames parler pour nous. Cela seul est le vrai dialogue des guerriers… En garde !